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Hors des sentiers battus – Marie SANN & Yann KREHL – 2024 – Tabou Ed.

Quatrième de couverture

Pour Lizzy, jeune étudiante, qui emménage pour ses études en colocation avec Elva une amie plus âgée et bien plus délurée qu’elle, le sexe et les relations amoureuses ne sont pas sa priorité. Mais lorsque la curiosité la pousse à visiter un sex-shop pour la première fois, Lizzy se décide à explorer sa sexualité. Des jouets sexuels aux applications de rencontres en passant par les premières expériences, elle essaie des choses nouvelles et sort des sentiers battus pour découvrir peu à peu un intérêt certain pour le côté le plus coquin du sexe.

Mon Avis

Un proverbe sénégalais dit « à force de cohabiter, l’on finit par avoir les mêmes défauts ». Lily en est l’exemple. Fraîchement débarquée de sa province, elle se prépare pour ses études. Sa cohabitation avec Elva se passe bien. Alors, quel est le problème? La jeune étudiante, aux métiers éphémères, a décidé de découvrir son corps et de tester de nombreuses choses. C’est le début d’une longue aventure. Personnelle. Puis financière. Tout se déroule pour le mieux, jusqu’à ce que sa colocataire perde son emploi. Alors, la réalité rattrape la rêveuse exploratrice des sens. Comment subvenir au paiement du loyer, entre autres? Quelles solutions trouveront-elles ?

Cette bande dessinée est très intéressante. Les couleurs sont superbes et Lily a l’air délurée face à sa colocataire, plus pondérée. Les dialogues sont assez terre-à-terre. Ce qui n’empêche pas de suivre les aventures de Lily et de sa colocataire. Les planches sont d’une couleur éclatante. Les personnages sont peints à la manière d’animes. Ce qui n’est pas désagréable. Loin de là. Les personnages sont stylisés en fonction de leur caractère. Lily surprend le lecteur avec sa facilité à accepter et à explorer le monde et ses différentes pratiques.

Une troisième colocataire s’invite dans l’appartement. Lily semble avoir oublié les raisons qui lui ont fait quitter sa campagne: ses études. Explorer le monde intime lui paraît plus intéressant. Est-ce une bonne idée? Cela n’a pas l’air de déranger ses colocataires et ses amis. Lily sait-elle qu’elle hypothèque son avenir? Autre question vitale: comment pourra t-elle payer son loyer si sa situation professionnelle est si instable? Le lecteur se pose ces questions. Pas notre héroïne. De toute manière, son histoire ne fait que commencer. Une suite est en cours. Espérons que Lily finira par revenir à la raison et mènera de front ses explorations intimes, son emploi, si possible, pérenne, et ses études.

 

9782359542066      Tabou Ed.       48 p.     17€

L’octavone, roman colonial – Victor GAUTREZ – 2023 – Ed. L’Harmattan

Quatrième de couverture

Qui, des trois rivales : Athénaïs la noire, Paulette la blanche ou Roberte l’octavonne, va l’emporter pour devenir l’épouse de « Monsieur le Procureur de la République Romuald Sainte-Croix » qui « n’était préoccupé que d’avancer rapidement dans sa carrière et de se créer un foyer » ? D’un certain point de vue, Roberte partait avec une longueur d’avance : « sans conteste elle était plus belle que Paulette et qu’Athénaïs, plutôt grande, proportionnée à merveille, très élégante… elle était mieux que belle : troublante ». Décrochera-t-elle pour autant la timbale? Ce roman de 1924, situé à Fort-de-France en Martinique et dans les environs immédiats, met en scène, sous tous les angles, les effets du « préjugé de la race ».

Mon Avis

Nous faisons un voyage, dans la Martinique « An  tan lontan » (Autrefois). Une Martinique où la classe sociale se faisait en fonction de la couleur de peau. Il y avait les métropolitains, les békés, les octavons, les quarterons, les mulâtres et les noirs. Chacun rêvait de se lier à la classe supérieure pour s’élever socialement C’est dans ce monde que Romuald, un quarteron (fils d’une blanche et d’un métis) tombe amoureux d’une octavone (fille d’une quarteron et d’un blanc). Un amour partagé. Timidement. Mais, il lui faut le consentement du père de sa belle pour lui faire la cour. L’aura-t-il? Son rang social, donc sa couleur, sera t-il une entrave à cet amour? Que fera Romuald en cas de refus du père, de celle qui fait battre son cœur?

Alors, débute une sorte de vaudeville à la martiniquaise. Les langues se délient. Romuald est issu d’une famille de fermiers qui a fait fortune. Qu’il soit remarqué par une blanche métropolitaine, fait couler beaucoup d’encre et est sujet de nombreuses conversations dans les foyers. Nous entrons de plein pied dans le monde coloré de la société antillaise. Vers quelle jeune femme Romuald dirigera t-il son cœur? Le choix est vital. Réussira t-il à enlever une belle à sa famille? Laquelle? Les paris sont lancés. Et ce n’est pas un jeu de mot. Le lecteur se prend vite au jeu. Cette lecture addictive est, parfois, saupoudrée d’un humour caustique voire pince-sans-rire.

Un quarteron qui souhaite épouser une octavone dans la Martinique de cette époque, relève d’une gageure. Tout Fort de France est aux premières loges, et compte les coups. Il s’agit de Roméo et Juliette à la sauce créole. Donc, une histoire électrique qui illustre bien le classement social, en fonction de la couleur de peau. Romuald fait battre des cœurs autour de lui. Cependant, le sien ne bat que pour une seule. Qui ? L’auteur nous fait découvrir la Martinique post esclavage et son  classement social coloré. Nul ne semble souhaiter franchir cette frontière, sinon vers le haut. Un sport bien difficile. Que fera Romuald? Que de rejets, de regrets. de vies brisées sur le chemin de l’amour. Un chemin de larmes, de déception, de rancune. Un Roméo et Juliette à l’Antillaise.

 

9782336423685    Ed. L’Harmattan Coll. Autrement Mêmes    178 p.    18€

Buffet et apparences – Francis BONNELLE – 2024 – Ed. Ex Aequo

Quatrième de couverture

Sandrine et Sylvain ont une annonce à faire ! Pour cela, ils organisent un joyeux buffet et ont tout prévu : des fruits de mers, du bon vin, une décoration chic et des convives qu’ils affectionnent. Malheureusement, avec les quiproquos et les rebondissements qui vont ponctuer la soirée, tout semble vouloir saboter leurs projets. Et ce n’est pas cette mystérieuse lettre reçue un peu avant le buffet qui viendra les aider.

Mon Avis

En général, quand toute une famille se rassemble sur l’invitation d’un des membres, c’est qu’il y a quelque chose d’important à annoncer. Mais, Sylvain et Sandrine, ont invité des voisins, et même la concierge. Qu’ont-ils a dire qui puisse concerner ces derniers? Chaque personnage semble avoir un secret ou un grief contre l’un des invités. Ont-ils, eux aussi, des choses à dire? Détiennent-ils des secrets plus ou moins explosifs? Ce buffet chatouille la curiosité du lecteur qui meurt d’envie de savoir ce qu’il en est. Ce repas va marquer chaque invité. Ce repas risque de marquer les mémoires. Chaque invité rumine quelque chose envers un autre.

Les personnages et leurs caractères amènent beaucoup d’humour à cette pièce de théâtre. Le lecteur, à travers les dialogues, se doute qu’il y a des secrets. Du ressentiment. De la colère profonde et bridée. Les personnages et leur discours font penser au film « le prénom« , car le lecteur se doute que ce buffet court à la catastrophe. Quelle découverte allons-nous faire? Qu’ont à dire Sandrine et Sébastien, qui puisse concerner tout ce petit monde? Le lecteur est impatient car il se doute que le message sera fracassant. Peut-être que tout ne se passera pas comme le souhaitent Sébastien et Sabine.

Une lettre anonyme, et le dîner prend une toute autre tournure. La plus inattendue. Que se passe-t-il? Y aurait-il un secret qui concerne toutes les personnes présentes? Ce qui m’a fait sourire, c’est que la concierge portugaise ne s’exprime qu’en espagnol. Il y a peut-être anguille sous roche. Un vaudeville se profile à l’horizon, entre des voisins qui ne s’apprécient pas trop. C’est une pièce de théâtre hilarante. Le lecteur va de découverte en découverte. Ce qui n’est rien face au feu d’artifice final qui le laisse complètement pantois. Qu’allons-nous découvrir? Pourquoi faire un buffet avec des invités si hétéroclites? Au cours de la lecture, en plus des éclats de rire, le lecteur ne pourra dire que « OH… MON… DIEU »!

 

9791038809628     Ed. Ex Aequo Coll. Entr’Actes     212 p.      18€

Les Héritiers – Le clan des brumes – Antonio PEREZ HENARES – 2023 – Hervé Chopin Ed.

Quatrième de couverture

Alors que la révolution néolithique s’apprête à bouleverser le cours de l’humanité, deux jeunes chasseurs du clan des Brumes décident de partir découvrir la « Grande Eau ». Le Fils de l’Aigrette et l’Archer se lancent ainsi dans une aventure initiatique qui les mène des montagnes de la péninsule ibérique jusqu’au bord de la mer. Ils s’imprègnent des coutumes d’autres peuples, apprennent de nouvelles façons de vivre et découvrent la sexualité et l’amour. Mais leur parcours traverse une nature hostile, et les clans qu’ils rencontrent ne sont pas toujours prêts à accepter l’imprévisible…

Mon Avis

Le Clan des Brumes se remet doucement de sa guerre avec les Peaux Claires. La fin de cette bataille signe t-elle le début d’une nouvelle ère? La fin définitive des affrontements? Rien n’est moins sûr. Le clan s’agrandit lentement mais sûrement. De nouveaux foyers se créent. Le clan se prépare à faire face à un hiver encore plus rude que le précédent. Œil Perçant s’est assagi et fait l’admiration de son clan. L’accepteront-ils définitivement? Le second tome du clan des brumes nous fait retrouver un groupe affaibli par les nombreuses vies perdues pendant la guerre. C’est un groupe qui prend le temps de s’agrandir car c’est l’une de ses faiblesses. Le Clan nous mènera vers de nouvelles aventures.

Après un premier tome très bien écrit et prenant, le lecteur entre sans difficulté dans le récit des héritiers. En effet, il retrouve les personnages principaux tels que L’Aigrette, Œil Perçant. Merlette… De nouveaux couples se sont formés. Le peuple des brumes vit une époque de changement. Les hommes sont en pleine ère de mutation. L’homo sapiens change la donne au sein des peuples. De nouveaux savoirs, de nouvelles capacités, voient le jour. Les héritiers de ceux qui les ont précédé marchent vers de nouvelles aventures qui n’ont rien à voir avec celles de leurs prédécesseurs. Ils sont plus curieux, et ont une intelligence plus aiguë. L’Archer, fils de Œil Perçant en fait partie.

La curiosité pousse l’Archer et son ami, Fils de l’aigrette à vouloir découvrir « la grande eau ». C’est le début d’un long voyage, riche en découvertes. Que feront-ils de tout ce qu’ils auront vu? Ramèneront ils de nouvelles pratiques dans leur camp? Que leur réserve l’avenir? Les peuples commencent à se sédentariser, donnant ainsi naissance à l’agriculture et à l’élevage. Le lecteur les accompagne et découvre de nouveaux peuples, de nouveaux modes de vie. Il découvre aussi le partage, les coutumes de ces peuples. Les deux jeunes guerriers font  de nouvelles rencontres. Qu’ont-ils laisser comme souvenir auprès de ces peuples qui les ont accueilli? Œil Perçant reverra t-il son fils ou partira t-il pour les Verts Pâturages sans savoir ce qu’il est devenu?

 

9782357207585    H.C. Editions    252 p.    21,50€

L’attendeur (de première classe) – Fabien Maréchal – 2024 – Ed. Le chant des voyelles

Quatrième de couverture

Grégoire Furnier n’est pas n’importe qui. Il a réussi le concours très sélectif des Attendeurs de première classe. L’EsA, Ecole supérieure de l’Attente, forme une élite capable d’attendre à la place de personnalités de haut rang, tel le Ministre de l’Intérieur. Grâce à leur Attendeur (de première classe) ces gens importants ont la possibilité de ne pas perdre leur temps, pour eux si précieux. Les capacités des Attendeurs sont d’autant plus grandes qu’ils sont plus concentrés. Certains peuvent atteindre des scores de plus de 30%, performances remarquables et difficilement dépassables. Mais un événement dramatique change le cours de la vie de Grégoire, qui se retrouve au chômage. Courageux, humaniste, il met ses capacités extraordinaires au service de ses voisins : des jeunes qui s’ennuient, une gardienne d’immeuble avec ses chats, une ado qui sèche l’école, sa mère brutalisée par le mari, un vieux voisin. Mais bien sûr, les capacités exceptionnelles de cet Attendeur attirent la convoitise d’agents étrangers… L’originalité du texte tient aussi à sa qualité de satire du monde administratif, vu de l’intérieur. Dans le roman pince-sans-rire de Fabien Maréchal, tous les ingrédients d’une farce poétique sont réunis. On songe à Lewis Carroll, Alphone Allais, Boris Vian. Une magnifique créativité qui nous fait rire à chaque page, offrant un éclairage ironique et distancié sur notre monde contemporain.

Mon Avis

Tu m’en diras tant, me suis-je dit en lisant le titre. Qu’est-ce qu’un Attendeur? Qu’attend-il? S’agit-il une vraie attente ou d’une façon de faire? Tout un monde. Grégoire décide de passer le concours pour devenir Attendeur. Avec succès. Son métier lui plaît, au point qu’il n’a pas l’impression de travailler. Heureux homme. Mais le bonheur est comme certaines histoires d’amour. Il finit mal, en général. C’est le cas pour Grégoire. Que s’est-il passé? Pourquoi lui et personne d’autre? Aberration! Voici un Attendeur qui n’attend que pour lui-même. Le fameux grain de sable est passé par là et a grippé la machine. Est-ce définitif?

Le récit est fait avec un humour très fin, pince sans rire, parfois. Les personnages sont caricaturés à souhait. La lecture se fait avec gourmandise. Avec délectation. Le lecteur ressent un certain attachement envers Grégoire, un homme un peu perdu dans son quotidien, mais pointilleux dans son métier. À quel point? L’humour qui imprime chaque ligne, chaque page, invite le lecteur à ne plus pouvoir lâcher le livre. À aucun moment ce dernier ne se rend compte que ce livre fait plus de trois cents pages. Le vocabulaire clair, simple rend la lecture agréable, amusante. Quand un Attendeur se retrouve au chômage, que devient-il?

Un Attendeur qui n’attend plus. Attend-il quelque chose de sa vie? Entretient-il son don? Grégoire nous entraîne dans son monde qui peut être dantesque, parfois. Ce monde où l’Attente devient une géométrie quantique. Où l’Attendeur se perd dans les attentes. et réfléchit à l’efficacité d’un instant sans attente. Que cache le fait qu’il ne soit plus contraint d’attendre? Que peut-il faire de ce temps libre? L’Attente est un métier qui peut être universel. Doit-il le démontrer? Le lecteur le suit avec émotion dans les méandres de son service, de ses pensées, de ses actes. Il éprouve une sorte d’attendrissement pour un Attendeur qui ne sait plus comment ne pas attendre ou comment attendre différemment. Grégoire trouvera t-il des réponses à ses questions? Les humains sont souvent si impulsifs ou calculateurs. Il faut laisser le temps au temps, et… attendre.

 

9782490580194    Ed. Le Chant des Voyelles    328 p.    21€

Le chat noir – Patrick MOTHES – 2023 – Ed. L’harmattan

Quatrième de couverture

La vie d’un village paisible peut être rapidement troublée. Même lorsqu’il s’agit d’un village « ordinaire », authentique, son quotidien peut finalement se révéler impitoyable. Baillac, cette petite bourgade du sud-ouest n’échappe pas à cette réalité. Pourtant, il s’agit d’un village comme un autre, un village ressemblant au vôtre, un village avec son histoire, ses croyances, ses chimères, ses coutumes, ses particularités, ses habitants, ses rumeurs, ses jalousies et ses braves gens. Bref, un village presque anodin tant son format est commun et son profil répandu. Alors, pourquoi est-il le théâtre de cet assassinat, de ce meurtre sordide ? Pourquoi le ou les auteurs de ce crime horrible ont-ils éliminé cet homme apprécié par l’ensemble de la population ? Pourquoi avoir supprimé un serviteur de Dieu ? Telles sont les innombrables questions qui bousculent le quotidien d’une population qui finit par se méfier d’elle-même.

Mon Avis

Un petit village du Lot où la vie stagne, un village qui se meurt tranquillement, chaque jour semblant se fondre dans le précédent. Il n’y a que des personnes âgées, témoins d’un temps révolu, même si le maire, désespéré, fait tout pour attirer de jeunes familles avec des promesses d’activités culturelles et de rénovations. Les rues étroites, bordées de maisons en pierre, vibrent encore des souvenirs d’une époque dorée, mais aujourd’hui, elles résonnent d’un silence pesant. Tout le monde se connaît et surveille les faits et gestes de tout le monde, comme si chaque geste était soumis à un jugement collectif. Il y a des disparitions, des évènements mystérieux, dans une indifférence implacable qui pèse sur l’atmosphère du village. Puis un jour, le précieux équilibre est rompu par le cauchemar: le curé de la paroisse est retrouvé mort dans son église, une scène tragique qui secoue la communauté. Hum, ça sent le roussi. Qui a bien pu faire cela? Y a-t-il un lien avec la disparition du précédent curé qui, lui aussi, avait pourtant toujours su guider ses fidèles ? Pourquoi ce dernier, un homme apprécié et respecté ? Martial et Serge, deux gendarmes aguerris, se retrouvent contraints de répondre à ces questions troublantes, mais l’énigme semble plus complexe qu’il n’y paraît. Personne ne sait quoi que ce soit sur cet assassinat, une ombre de crainte s’étend dans le village. Les villageois, mutiques, font face aux gendarmes, leurs visages impassibles trahissant une tension palpable, tout en restant à l’affût de la moindre information qui pourrait les éclairer sur les sombres secrets enfouis dans leur terre.

Ce roman policier se passe dans une sorte de huis clos, où l’atmosphère devient de plus en plus oppressante au fur et à mesure que les acteurs du drame cachent leurs vérités. Personne ne veut parler, mais tous attendent avec impatience les résultats de l’enquête, chacun craignant que leurs propres secrets ne soient révélés. L’auteur raconte simplement une histoire dans laquelle le lecteur entre avec nonchalance, mais rapidement, cette insouciance est remplacée par une tension palpable. Tout se passe tranquillement, comme dans tout village en voie d’extinction, où le temps semble s’être arrêté. Le lecteur découvre des cadavres dans les placards de certaines familles, des vestiges d’un passé trouble, témoins d’une vie qui n’a jamais vraiment été paisible. Des secrets de polichinelle, connus de tous les anciens, mais ignorés des nouvelles générations, deviennent des révélations dérangeantes qui ébranlent les fondements mêmes de la communauté. Y a-t-il un lien entre le passé du curé et son meurtre? Qui est-il et d’où vient-il? Les découvertes s’enchaînent sur ce curé, révélant un homme complexe, hanté par des choix difficiles. Des découvertes sur une vie chamboulée par la souffrance, marquée par des injustices profondes et des actes désespérés. Son assassin serait-il un membre de sa famille ? Ou plutôt une figure du passé, venue réclamer justice d’une manière sanglante? Les enjeux deviennent de plus en plus personnels, chaque personnage se retrouvant face à ses propres démons et à la noirceur qui sommeille peut-être en chacun d’eux.

Tous les petits villages du monde ont leurs secrets enfouis au plus profond des mémoires, des vérités souvent dissimulées par le temps et la peur. Mais l’assassinat d’un prêtre soulèvera peut-être un pan du voile, révélant des histoires tragiques et des ressentiments cachés. Deux gendarmes, Martial et Serge, ainsi que leur équipe déterminée, vont tout faire pour résoudre cette enquête, malgré le mutisme ambiant qui pèse sur les épaules des villageois. Le tueur serait-il quelqu’un du passé opaque du curé, un individu que personne n’ose mentionner, ou bien s’agirait-il plutôt de quelqu’un de son entourage immédiat, une figure apparemment innocente, mais dont les motivations pourraient désormais être remises en question? Alors que Martial et Serge, les deux gendarmes chargés de résoudre cette enquête, se heurtent au silence des villageois, ils commencent à suspecter que ce mutisme cache non seulement la peur, mais aussi une loyauté mal placée envers un coupable. Comment faire pour que les secrets ne soient plus? Quelle méthode adopter pour briser ce cycle de silence ? C’est une enquête que le lecteur suit avec attention, palpitation au cœur, soupçonnant de nombreuses personnes, chacune avec leurs propres secrets. La surprise sera grande lorsque les vérités émergeront, retournant la perception que chacun avait de la communauté, et révélant que parfois, le mal se cache là où on s’y attend le moins.

 

9782140336287    Ed. L’Harmattan Coll. Rue des Ecoles    226 p.    20€

Elle s’appelait Delphine – Gül ILBAY – 2022 – Ed. L’harmattan

Quatrième de couverture

Gül ILBAY nous met en face d’une population immigrée qui s’attache de plus en plus à la couleur locale de sa culture d’origine, et qui, faute de moyens d’accès à celle du pays d’accueil, désire renforcer la structure de ses rituels ancestraux. Ce roman propose à son lectorat de déchiffrer réalité et fiction à travers des personnages dont les aventures entrecroisées, correspondent à la réalité de la stratégie matrimoniale de l’immigration en Europe. Les aspirations, les contraintes des traditions et des cultures que subissent les héros de ce roman, nous conduisent vers un voyage entre deux espaces : la Turquie et la France; entre deux villes : Zonguldak, ville minière au bord de la mer Noire et Metz en Lorraine. Les femmes immigrées, piégées dans leur propre condition, nous révèlent à travers leur vie, les termes d’une subordination plus générale. Les récits des personnes qui au prix de douleurs, voguent entre lieux, mœurs, sentiments et passions, confèrent à ce roman son caractère singulièrement attachant.

Mon Avis

La Turquie, son paysage de carte postale, ses traditions désuètes, Ses femmes couvées par les coutumes étouffantes. Être femme, épouse et mère peut s’avérer être une sorte de malédiction. Surtout quand la tradition se pose comme une chape de plomb, sur les épaules des femmes. Dans ce roman, elles sont fortes, abandonnées, esseulées. Elles se battent, avec courage, pour l’avenir de leurs enfants. Elles sont souvent résilientes sous des cieux qui leur sont étrangers. Elles plantent de nouvelles racines, malgré les difficultés linguistiques, territoriales. Elles ont rêvé d’un avenir, mais la vie et ses difficultés les ont poussées à les revoir à la baisse. Elles continuent à se battre malgré tout.

À travers le récit sur la vie de ces femmes, l’auteur nous montre les difficultés d’intégration. Les raisons qui les ont poussées à l’exil. Le récit est fait sur trois générations de femmes. Certaines se battent pour adhérer aux particularités des pays d’accueil. D’autres ont baissé les bras, pour différentes raisons. Toutes font face aux difficultés quotidiennes dans un pays dont elles ignorent la plupart des codes. Ce qui leur tient à cœur, c’est l’avenir de leurs enfants. Même si leur vie est plus agréable qu’au village, elles doivent faire face à de nombreuses difficultés sur leur terre d’accueil.

Okan, le fils de Nuriye, est aussi un déraciné. Sa rencontre et son amour pour Denise, une française, facilite son adaptation dans son pays d’accueil. Les traditions turques se rappellent à son bon souvenir, par le biais de sa mère. Il doit choisir entre ses racines et son pays d’accueil. Que veut sa mère, longtemps abandonnée par son époux? Comment manipulera-t-elle le destin de son fils? Et Delphine, dans tout cela? Bien qu’elles n’aient connu que la souffrance, le manque de l’être cher et l’abandon, ces femmes restent définitivement ancrées à leurs traditions. Des traditions qui les réconfortent dans ce pays d’accueil. Ces traditions qu’elles maîtrisent mieux que celles de la France, ne les empêche pas de s’accrocher à ce qui leur reste de leurs racines. Okan et Denise accepteront-ils le poids des traditions?  Que deviendront-ils?

 

9782140315510   Ed. L’harmattan Coll. Regards Turcs   192 p.   19€

 

Complot artistique – Eurydice TRICHON MILSANI – 2024 – Ed. l’harmattan

Quatrième de couverture

Une affaire palpitante se déroule dans le plus beau Musée d’Art moderne d’Europe : à Beaubourg. Une fâcheuse intrigue qui se trame contre un de ses conservateurs, Simon Berthier, honnête, mais intransigeant, qui prépare une exposition rétrospective du redoutable peintre italien Giorgio De Chirico dont le fantôme hante les espaces du Musée. Tout est fait pour empêcher Simon Berthier de réaliser son rêve : un chef-d’œuvre tailladé, des accidents insolites, de faux tableaux, des attaques fomentées par la presse. Tout est bon pour empoisonner sa vie, son projet et ses amours. Découverte, en filigrane de ce roman passionnant, de quelques-uns des secrets de cette grande institution qu’est le Centre Georges Pompidou.

Mon Avis

La première fois que j’ai vu le centre Beaubourg, je ne savais pas si j’étais admirative, intriguée ou en état de choc. Puis, je me suis aperçue du génie de l’architecte. Pendant des années, j’ai foulé le sol de sa bibliothèque. Aussi, une intrigue à Beaubourg, c’était tentant. Un des conservateurs, Simon Berthier, prépare une exposition sur un peintre qu’il aime bien: Giorgio de Chirico. Cependant, rien ne semble se dérouler comme il le souhaite. Avec Ariane, son nouveau bras droit, il essaie de comprendre. Quelqu’un lui en voudrait-il? Pourquoi? Ce monde de l’art est un véritable panier de crabes. Un milieu sans état d’âme. Simon le ressent profondément et veut préparer Ariane à cette atmosphère typique du monde de l’art.

Et voilà, serpents, scorpions… sont de sortie. Toutes sortes de bassesses sont de mise. Sans oublier la veulerie, le croc-en-jambe, la fausseté. Bienvenus dans le monde de l’art. Simon, qui prépare son exposition, est confronté à tout cela. En vieux de la vieille, il n’y accorde aucune importance. Ne sait-il pas qu’il pourrait être dans l’œil du cyclone? L’auteure nous fait découvrir un milieu où l’envie, la sournoiserie, guident chaque geste. Beaubourg et ses conservateurs n’échappent pas à la règle. Le roman est écrit sous forme d’un thriller qui maintient le lecteur dans une soif inextinguible de découverte. C’est un suspens qui tient en haleine jusqu’à la dernière ligne.

Un piège se tend perfidement. Dans l’anonymat, une araignée tisse sa toile venimeuse. Lentement, mais sûrement. L’exposition de Simon, spécialiste du peintre Giorgio de Chirico, dérangerait-elle? Pourquoi? La jeune Ariane aimerait bien que le fil de la fourberie l’amène à ceux qui œuvrent dans l’ombre. L’histoire tient en haleine car l’auteure manipule très bien la plume et le suspens. Elle fait courir le lecteur dans les couloirs de Beaubourg, à la recherche des conspirateurs, pour épier, écouter derrière les portes ou mener une enquête forte en émotions. Cette exposition aura t-elle lieu? Dans quelles conditions? Comment tout cela va-t-il se terminer? Si complot il y a, Simon arrivera t-il à l’éviter? À quel prix? La méchanceté de l’humain brille de mille feux. La haine, l’envie et la jalousie sont de sortie. Pour le plus grand plaisir de celui qui est dans l’ombre. Aléa jacta est.

 

9782336422350   Ed. L’harmattan Coll. Rue des Ecoles   330 p.    28€

Transports en commun – Denise MIEGE & Leeloo VAN LOO – 2013 – Tabou Ed.

Quatrième de couverture

Transports en commun, c’est avant tout l’histoire d’une rencontre, riche et surprenante. Plus de quarante ans séparent en effet ces deux amoureuses du verbe qui vous livrent une compilation de nouvelles érotiques exubérantes, excitantes et parfois désopilantes. Elles ont pris un malicieux plaisir à mettre en scène de nombreux personnages immoraux et frivoles dans ce recueil aux textes audacieux, gais et insolents. Les femmes y sont totalement délurées et détiennent probablement la palme de la mauvaise conduite. Et si d’aventure le grotesque et le sordide s’invitent à la fête, la provocation se transforme – grâce au génie de Denise et Leeloo – en Art majeur.

Mon Avis

Dès son premier souffle sur terre, l’humain a fait des rencontres. Si elles sont innocentes au début, elles peuvent devenir intéressantes dès qu’il devient adulte. Des hommes et des femmes se rencontrent. Par le fait du hasard. Lors d’un rendez-vous convenu. Par la force des choses. Ces rencontres peuvent être secrètes, discrètes, au su et au vu de tous. Des liens se nouent, parfois, pour le plaisir. Pour donner un sens à l’absence de tendresse dans le couple. Pour s’éloigner des habitudes routinières. Pour pimenter le devoir conjugal. Pourquoi ne pas profiter de petites folies passagères? Ces petites folies qui vous poussent à vous découvrir sous un autre jour. Telles sont les nouvelles que nous ont concoctées les deux auteures.

En effet, les histoires sont plus ou moins courtes. Elles abordent tous les styles, même le policier, le roman noir. Le lecteur se fait merveilleusement surprendre, dès les premiers mots. Ces hommes et ces femmes font fi des règles sociétales. Ils se laissent emporter, seul, en couple ou en groupe, par leurs plaisirs variés. Les histoires se suivent et ne se ressemblent pas. Le lecteur passe d’un récit sur une rencontre à un polar sanglant. Le vocabulaire est celui de l’érotisme, car ce roman est destiné à un public averti. Les histoires ont un point commun: les humains se laissent transporter par leurs sens. Ils en sont heureux.

Ce recueil de nouvelles est adressé à un public averti. Le transport des sens va au-delà de la folie des hommes et des femmes. Ces derniers expriment leur liberté d’aimer. De s’aimer. Et de vivre leurs rêves avec des inconnus ou des personnes qui partagent leur vie. Ces personnes font du lecteur un complice de leurs aventures. Ce dernier les suit et se surprend à sourire, à trembler de peur, sans pour autant les juger. Il est surprenant de découvrir plusieurs styles qui n’ont rien à voir avec le roman pour adultes. Aussi, découvrir un roman noir, un polar, un serial killer et autres personnages du même acabit, surprend dès les premières pages.

 

9782363260130   Ed. Tabou Coll. Les jardins de Priape   208 p.   17€

L’amant du Mistral – Dominique NIEZNANY, 2024, Ed. Quadrature

Quatrième de couverture

Une femme, un homme. Des hommes, des femmes… Dans ce recueil, tout est affaire de rencontres, d’effleurements, de confrontations, d’observations. L’humour est présent, la lucidité aussi. Cela donne une petite musique douce-amère qui parfois nous fait sourire, et, souvent, nous laisse songeur.

Mon Avis

Amours furtifs. Instants volés. Instants rêvés, sublimés, imaginés. Volés à la vie. Ils sont comme ce vent austral qui souffle. Qui fait la pluie et le beau temps. Telles sont ces histoires que l’auteur nous raconte. Des histoires d’amour plus ou moins insolites. Ce sont des moments volés à la vie. Des moments esquissés avec ou sans la complicité de l’humain concerné. Instants brefs et intenses. Coupables ou non. De nombreux individus ont vécu cela loin du regard des autres. Parfois avec des regards ou des sourires complices. Comment se terminent ces histoires? Qui sont ces hommes et ces femmes qui s’y adonnent? Pourquoi ces instants volés, secrets, tus?

Ce recueil de nouvelles nous emmène dans les secrets des humains. Homme et femmes solitaires. Des êtres adeptes du secret et de l’instant volé à la vie routinière. Au regard des autres. La plume de l’auteur nous fait ressentir une impression d’inachevé. L’histoire se déroule bien, mais, il y a quelque chose d’autre. Mais quoi? Une sorte de mystère qui aurait pu changer le cours de l’histoire. Un acte manqué? C’est ce qui fait le plaisir de la lecture car nous avons envie de dire: « Et si« . Les personnages vivent des moments qu’ils fantasment. Un peu trop, peut-être, ou pas assez. Mais, dont la chute laisse le lecteur dans l’expectative, ressentant diverses émotions.

Comment expliquer les pensées d’un humain, sur un acte, un fait? Avec un humour caustique, l’auteur nous raconte des bouts de vie. Des instants marquants en deçà des souhaits les plus simples. Les chutes sont délicieusement terribles. Terriblement humoristiques, parfois. Le lecteur se régale de chaque récit. Ce recueil de nouvelles nous narre des histoires de tous les jours, mais, dont, pendant un instant, le personnage fantasme le déroulement, voire, la suite. Le lecteur, aussi, rêve de la suite et de la fin. Cependant, aucun d’eux n’imagine ce qui se passera réellement. La lecture reste addictive et le lecteur, fébrile, se laisse emporter dans une histoire qui dépasse son entendement. Il tente même de réécrire mentalement la chute. Mais le destin veille. Jalousement.

 

9782931080443    Ed. Quadrature    123 p.    18€

Dans l’ombre de Fall Creek – Nicolas LAMBRIX – 2023 – Les Impliqués Ed.

Quatrième de couverture

Ce roman révèle un mystère captivant et terrifiant. Un randonneur mutilé lance l’inspecteur Keller dans une quête sinistre, exposant des liens sombres avec une opération militaire illégale.  Le récit explore l’âme humaine, mettant en lumière la coexistence de la lumière et des ténèbres dans la paisible ville de Fall Creek. Les personnages complexes ajoutent une tension inquiétante à cette histoire palpitante, invitant à explorer les profondeurs sombres d’une apparence tranquille.  Dans l’ombre de Fall Creek persiste longtemps après la lecture, suscitant la méfiance envers les ombres derrière les apparences. Osez affronter cette aventure où la vérité est aussi sombre que les secrets dissimulés, une immersion captivante.

Mon Avis

Une petite ville paumée,  perdue au fond d’une forêt. Fall Creek fait partie de ces villes où tout le monde se connaît. Où tous les secrets sont menés dans la tombe. Dans son bois, un massacre a lieu. Il terrifie la population. Pourtant, personne ne veut parler. L’inspecteur Keller se rend bien compte qu’il pourrait trouver l’explication, les indices en investiguant les secrets des citadins. Pourquoi un crime aussi féroce? Est-ce le crime de sérial killer ou un crime occasionnel? En attendant, la population ne fait aucune confiance à un inspecteur de la ville. Que devra t-il faire ?

Des hommes sont tués sauvagement. Atrocement. Fall Creek a peur. La ville se recroqueville sur elle comme un être qui referme frileusement son pull-over pour se réchauffer. Le modus operandi des meurtres ne change pas. Par contre, les cadavres s’accumulent. L’inspecteur Keller doit mener son enquête dans une ville où les habitants lui font ressentir leur manque de confiance en lui. Leur peur. Ne vous attendez pas à des rebondissements flagrants. Tout se fait tranquillement. C’est écrit simplement. Ce qui en fait une lecture aisée. Les découvertes sont nombreuses et le puzzle difficile à faire. Il faut de la patience et de l’entêtement.

Des cadavres férocement mutilés à Fall Creek empêchent l’inspecteur Keller de dormir, et le forcent à marcher à l’adrénaline. Quel est le lien entre tous ces meurtres? Cette ville cache elle un secret? Si oui, lequel? La ville et ses habitants se referment sur eux. La peur règne. Keller réfléchit beaucoup pour trouver un indice qui lui permettrait de donner un sens à son enquête. Le lecteur suit l’inspecteur dans ses recherches et n’a aucune idée de l’identité de l’assassin jusqu’à la fin. Mais est-ce vraiment terminé? Keller et les autres policiers trouveront-ils le ou les tueurs afin de mettre fin à cette hécatombe violente, inhumaine? Le dénouement se fera en plusieurs étapes, avec la hargne de Keller.

 

9782385411428     Les Impliqués Ed.     122 p.     14€

Les enquêtes improbables de Mulford Sploodge – Sylvain GILLET – 2024 – Ed. Ramsay

Quatrième de couverture

Mulford Sploodge ? C’est sa secrétaire qui en parle le mieux, extrait : « C’est le pire des ringards. Il dit avoir quarante ans, alors qu’il en a cinquante et qu’il en fait soixante. Il a un œil qui tombe et il perd ses cheveux. Il pense avoir du succès auprès des femmes alors qu’elles lui jettent des pierres. C’est un menteur, un escroc, un prétentieux, un dépravé, un inculte. Il me parle régulièrement des Misérables d’Émile Zola et croit que Séoul est en Afrique. Rendez-vous compte : il télécharge des défilés militaires pour les regarder le week-end ! En plus, c’est le gars le plus corrompu que j’aie jamais vu. Mais à part ça… il est sympa. »

Mon Avis

Imaginez l’inspecteur gadget (sans les gadgets), l’inspecteur Colombo (en plus froissé) et Hercule Poirot (sans la classe), mais avec la morgue. Voici Mulford Sploodge, autoproclamé beau, intelligent et plein d’humour. Ne lui dites surtout pas que c’est une illusion. Il ne vous croira pas. Il se jette dans les enquêtes, au propre comme au figuré, avec une paresse royale. Parfois, pas besoin de lui annoncer les raisons de l’enquête, il a déjà trouve la solution. Génial, n’est-ce pas ? Les enquêtes se suivent, et sont plus déjantées les unes que les autres. Mulford. les élimine, souvent, au propre comme au figuré. Normal, il est inculte, ne brille pas par son intelligence, mais par sa misogynie.

Tout démarre sur des chapeaux de roues, avec des discours décalés. Et oui, les personnages oublient, parfois, de s’écouter. En revanche, ils sont unanimes sur leur pauvre auteur. Ils n’en pensent aucun bien. Mais, ne le répétez pas à l’auteur, car vous pourrez en faire un serial killer de personnages. Oui, c’est dangereux. Je confirme. Les fous rires ne sont pas loin. Des enquêtes se déroulent sur terre, dans l’espace, dans toutes les galaxies avec des dates « mulfordesques ». La plume est aussi décalée et pleine d’humour que le détective. Tout est improbable dans ce roman. Dans le bon sens du terme. Surtout leur auteur préféré.

Tout est dans le titre. l’humour, des personnages bizarres, des dialogues abracadabresques. Voulez-vous savoir où va le soleil quand il se couche? Mulford vous le dira après avoir regardé un skieur dans le Sahara. qui danse sur un air des Beatles. Comprenne qui pourra… L’humour est décalé, ainsi que les dialogues. Tout au long du roman, les titres des chapitres sont des jeux de mots qui vous rendront hilares. Un conseil: Ne lisez pas ce roman dans les transports. Vous risquez de finir en psychiatrie. Mulford est pétri des pires défauts. À part lui, tous les autres sont nuls, même son auteur. Vous imaginez? Un auteur qui peut l’éliminer d’un coup de crayon? Heureusement que ce dernier n’est pas rancunier. Pour notre plus grand plaisir.

 

9782812205200    Ed. Ramsay    288 p.    19€

 

 

Une chose que je voulais vous dire, la fabrique de fantômes – Solenne CHENORKIAN – 2023 – Autoédition

Quatrième de couverture

Vous voulez parler d’une mise en eau? D’une mise en route? D’une mise en bière ou d’une mise en abîme? Non, non, il s’agit bien là d’une « mise en fantôme »! Mais voyons, ça n’existe pas. Mais si ! C’est toute l’ironie de la chose, car il parait que cela arrive souvent ! Mais apparemment les fantômes sont toujours très discrets… Mais alors, comment cela se passe-t-il? Cela peut-il m’arriver? Et surtout, comment savez-vous tout ça? Eh bien, grâce à ce livre ! En lisant l’histoire de Taline et Hagop, j’ai pu entrevoir un univers que je ne soupçonnais pas. J’ai pu découvrir la fonction formidable de Fantôme, bien loin des idées préconçues que nous pouvons avoir sur les ectoplasmes. J’ai appris comment, et surtout pourquoi ces êtres fantastiques rejoignent leurs humains, mais aussi comment s’organise la cohabitation, quel est le rôle de chacun, les règles auxquelles ils sont soumis, et bien plus encore… Grâce à ce tandem aussi attachant qu’atypique, aussi impensable qu’indispensable, ma vision des choses de la vie a été chamboulée et j’ai l’impression d’avoir acquis une connaissance extraordinaire qui m’a permis de gagner en humanité. Je fais maintenant partie des « mis au courant ». Ce livre, véritable ôde à la vie, illustre avec poésie, humour, bienveillance et sincérité les mécanismes de défense, de soin et de reconstruction qui opeuvent être mis en oeuvre pour survivre à un traumatisme majeur (ici, un crime d’inceste), et à l’ensemble de ses conséquences.

Mon Avis

Je dirais en réponse au titre: « Merci de l’avoir dit« . Il faut avoir été ghosté pour comprendre l’importance de ce qui est écrit. Les croquis, au début, faisaient penser à ces ectoplasmes qui pourrissent la vie du lecteur. J’ai trouvé les dessins très humoristiques. Surtout les dialogues des personnages. Ils facilitent la compréhension de la mise en fantôme de l’humain. De son interaction avec son ghost. Et cela me parle comme cela parlerait à d’autres pour qui la vie est ou a été un cauchemar. Comment peut-on se faire ghoster? Comment peut-on devenir un humain ghosté? Un fantôme qui se crée dans une vie à laquelle les autres sont aveugles, sourds, muets? Ces autres décident que tout va bien. Circulez, il n’y a rien à voir! Et pourtant…

C’est un message que nous livre l’auteur. Un message très positif qui concerne une personne en souffrance. En grande souffrance. Une victime qui, face au monde extérieur, a sa vie en charpie. Tout au long des pages, Des dessins, dans le style de la bande dessinée, donnent des éclaircissements sur le phénomène de ghost. Ce fantôme qui permet l’anesthésie. L’éveil moins douloureux. La libération de la parole. C’est un long, un très long processus. Le lecteur se rend compte qu’il a peut-être été  ghosté à un moment de sa vie. Pour une raison ou une autre.

C’est vraiment passionnant. Ce livre doit être mis entre beaucoup de mains. En effet, avec une grande simplicité que l’auteure nous raconte la création d’un fantôme. Un fantôme-pansement. Un fantôme-cataplasme sur des douleurs inadmissibles, des douleurs dévastatrices, tues faute de ne pouvoir en parler à des personnes attentives. Ce fantôme permet de préparer la résilience, la re-naissance de la personne en grande difficulté, la force et le courage de pouvoir, enfin, mettre des mots sur les maux. Le désir de faire connaître ses blessures et de demander justice. Les croquis mettent une touche d’humour dans un sujet très sérieux. Cet essai devrait être distribué dans les écoles, les collèges et les lycées. Un vrai bijou.

 

9791041517084    Autoédition    251 p.    15€

 

 

 

Liann et le sablier des fées – Suzanne MAX& Alain BENOIST – 2024 – Ed. Ex Aequo

Quatrième de couverture

Bien à l’abri du regard des humains, les faunes du royaume de Silvère mènent depuis très longtemps une existence paisible. Hélas, il aura suffi de la convoitise d’une fée pour que le désordre et le danger viennent menacer leur peuple. En l’absence du roi, son grand-père, c’est Liann qui devra tout tenter pour lever la malédiction qui s’est abattue sur leur territoire. Mais le temps presse : pourra-t-il sauver le royaume avant que ne se soit écoulé le dernier grain de sable du sablier des Fées ?

Mon Avis

Silvère, le roi des faunes, s’est absenté de son Royaume, pour un bon moment. Pas de panique. Liann, son fils, va assurer l’intérim. Son père lui fait confiance. Les faunes aussi. Mais, car il y a toujours un « mais ». Eh bien, oui. Le fameux grain de sable est de retour. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour Liann et son peuple. Le Royaume, invisible des humains, subit des intempéries. Les faunes sont désemparés. Que se passe-t-il? Que faire? Est-ce que ce sont des phénomènes naturels ou dus à la magie? Que peut faire Liann, en absence du roi? La révolution gronde. Tout le monde a peur. Liann et ses amis s’interrogent. C’est peut-être le fait d’une méchante fée. Comment le savoir?

Liann est un faune qui aime les humains. Ces derniers le lui rendent bien. Les lecteurs découvrent une histoire trépidante. Pleine de suspens. Un récit qui tient le lecteur en haleine jusqu’au bout. Jusqu’à la dernière ligne. Le roman est illustré de très beaux dessins qui donnent vie aux aventures de Liann. Les illustrations ont des couleurs chaudes qui attirent l’attention du lecteur. La magie des faunes, des fées, rend l’histoire plus merveilleuse. Plus fantastique. Le jeune lecteur enquêtera avec les amis de Liann, pour comprendre ce qui se passe au Royaume des faunes.

Dans ces moments troubles, Liann a besoin d’aide. Son Royaume est en danger. Les faunes sont perdus et veulent une solution rapide. Mais pour cela, il faut savoir ce qui se passe et qui veut faire du mal à leur Royaume, eux qui sont si paisibles. Les croquis aident le jeune lecteur à voir la réalité de ce qui se passe chez Liann. La lecture est vivifiante. Le lecteur découvre des mondes, des énigmes, des mystères, de la magie. Ce qui rend les aventures de Liann, fantastiques, fabuleuses. Cependant, il ne faudra pas oublier que le temps est compté. Le Royaume est en danger. Liann doit prouver à son père que ce dernier a eu raison de lui faire confiance. Y arrivera t-il? Le jeune lecteur va adorer ses aventures.

 

9791038809406      Ed. Ex Aequo Coll. Jeunesse      75 p.      12€

Le Corrupteur, soif de vengeance – Sylvain JOHNSON – 2024 – Ed. Good Mood Dealer

Quatrième de couverture

Les victimes du Corrupteur sont empoisonnées les unes après les autres. Elles reçoivent un défi sordide qui doit être accompli en 24 heures. Les victorieux remportent l’antidote, les autres subissent une mort atroce. Félix Fontaine vit dans la rue depuis la mort tragique de sa femme, survenue lors d’une émeute dans un concert. Désormais, l’unique but de son existence consiste à retrouver le responsable de ce drame. Armé d’une liste mystérieuse, il parcourt la province en auto-stop et s’arrête à Québec, ville qu’il déteste plus que tout au monde. C’est à cet instant qu’il reçoit une enveloppe du Corrupteur. Malgré l’urgence de la situation, son défi lui est donné petit à petit… Sera-t-il prêt à sacrifier son intégrité pour assouvir sa soif de vengeance ?

Mon Avis 

Certains événements de la vie sont si violents que l’humain a tendance à perdre la tête. À perdre la notion du temps. À perdre son humanité. Félix a perdu l’amour de sa vie, accidentellement. Sa vie s’est arrêtée à ce moment. Puis, il est tombé sous l’emprise d’un tueur fou. Que va-t-il faire? Comment pourra t-il retrouver celui qui a détruit sa vie? Félix se trouve embarqué dans une course contre la montre. Une course contre le temps. Une course contre quelqu’un qu’il ne connaît pas, et, qui, pour une raison obscure, lui en veut. Est-ce le corrupteur? Que lui veut-il? Pourquoi lui? Que sait ce dernier de l’accident de sa femme? Felix a l’impression que les choses lui échappent et qu’il change. Est-ce vrai?

Ce qui est agréable pour tout les fans de roman policier, Ce qu’il y a deux intrigues, deux enquêtes concernant le héros. Il les mène de front, tambour battant. Le lecteur ne sait plus quelles émotions éprouver envers Félix. Est-il ce qu’il paraît? Joue t-il un ou plusieurs rôles? Peut-on être aussi malchanceux? Le compte à rebours est lancé par le corrupteur. Il faut faire vite. Très vite. Le rythme est soutenu, entre courses, coups de feu et tueurs sans foi ni loi. Le lecteur découvre Québec en mode « bad trip ». Il cavale à travers la ville pour accompagner Félix dans ses faits et gestes. Le suspens est tenu jusqu’à la dernière page.

Le lecteur est pris en otage dès les premiers mots. Il ne lâchera plus le roman, même après le mot fin, car la sidération persiste. Félix navigue entre vengeance et compte à rebours. Peut-il choisir? En a-t-il le droit? Ce dernier mot n’existe pas dans le vocabulaire du corrupteur. Agir. toujours agir. Seulement agir. Peu importe l’état physique ou mental. Alors, Félix pleure l’amour de sa vie. Il doit trouver un moment pour la venger. Pourquoi ne pas le faire tout en respectant le compte à rebours? La réponse commence dès la première ligne et continue jusqu’à la dernière. Un grand bonheur pour le lecteur. Les armes, les larmes, le sang, la mort seront ses compagnons. Il n’a qu’une question: qui est le corrupteur?

 

9782385780654    Good Mood Dealer Ed.     282 p.   17€

Hibiscus et le trésor du Père Fouettard – Bruno BOURDET – 2024 – Ed. Ex Aequo

Quatrième de couverture

Sur sa petite île des Caraïbes, Hibiscus se pose une grave question : le Père Noël n’est-il qu’une légende comme l’affirme son ami Hugo Curieuse, maligne et intrépide, elle est bien décidée à en avoir le cœur net ! Le soir de Noël, postée au sommet du phare dont son oncle Balaou est le gardien, la fillette scrute le ciel pour apercevoir le traîneau et surprendre le vieil homme à barbe blanche dans sa tournée. Mais elle est loin d’imaginer la fabuleuse aventure qu’elle est sur le point de vivre.

Mon Avis

Le Père Noël existe t-il? Voici une question cruciale. Fondamentale. Existentielle. Philosophique. Hugo, l’ami de Hibiscus, notre petit caribéenne, a fait une annonce fracassante qui affole tous les enfants du village. C’est une nouvelle enquête pour Hibiscus. Mais, motus et bouche cousue. Croix de bois, croix de fer… Mais vous savez, ce grain de sable qui grippe la machine? Eh bien, il est de retour. Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour tous les enfants du monde. Le Père Fouettard, le grand ennemi du Père Noël, s’est invité à la distribution des cadeaux. Plutôt, il veut l’empêcher. Que faire? Que va faire Hibiscus?

Une fois de plus, Hibiscus nous fait vivre de folles aventures. Dire qu’elle voulait enquêter sur une question existentielle… Maintenant, la voilà dans une mauvaise passe. Sur qui peut-elle compter? Va t-elle trouver une solution, comme elle l’a toujours fait? Des croquis en couleur rendent ce conte de Noël vivant. Ils illustrent bien la situation dans laquelle se trouve notre petite îlienne. Tout y est: suspens, personnages fantastiques, batailles. L’auteur fait voyager le jeune lecteur dont l’imagination devient plus que fertile. Ce dernier accompagne notre jeune héroïne dans ses questionnements et ses recherches de réponse.

Encore une énigme que doit résoudre Hibiscus, pour le plus grand plaisir du jeune lecteur. Juste une petite phrase lancée par Hugo, son  ami, et notre petite ilote se frotte le nez, tire sur ses cheveux. Ce qui veut dire qu’elle réfléchit. En général, Hibiscus trouve toujours une solution. Mais là… Chou blanc. Pas l’esquisse d’une moindre idée. Pire, le Père Fouettard s’invite dans cette histoire. Tout le monde a une peur bleue de cet ennemi du Père Noël. Hibiscus n’est pas en reste. Maintenant, elle a deux énigmes à résoudre. Il lui faut l’aide de ses amis. Un peu de magie, peut-être? Comment va-t-elle s’en sortir? Le jeune lecteur trouvera peut-être une réponse à une question vitale. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’amusera et appréciera cette belle histoire.

 

9791038809147   Ed. Ex Aequo Coll. Saute-Mouton   38 p.   8€

Contes Nippons – Collectif – 2020 – Ed. Kelach

Quatrième de couverture

À l’orée d’un songe, les créatures du folklore japonais se sont donné rendez-vous dans cette anthologie, entre merveilleux et épouvante. Oserez-vous aller à leur rencontre ? Après avoir contemplé la lumière des dragons, vous ne trouverez nulle contrée imaginaire où vous réfugier. Au détour d’une forêt sombre, vous croiserez peut-être des yōkai malfaisants, à moins que ce ne soit un yūrei qui vous traque. La ville ne vous épargnera pas plus de dangers, avec ses bêtes retorses, ses démons sanglants et ses kaijū terrifiants. Prenez garde : un miroir peut dissimuler un secret, une promesse, un fardeau. Les kitsune sont en chasse, les guerriers aux abois, les esprits en désarroi. Une partie de go ne vous apportera pas plus de repos. Les kami s’échapperont du royaume des morts, à moins que ce ne soit l’Enfer lui-même qui s’abatte sur Terre.

Mon Avis

Les contes sont des histoires intéressantes. Ils reflètent la philosophie, la mythologie des peuples qui les racontent. Dans ces contes écrits par différents auteurs, les histoires sont fantastiques. Elles touchent la mythologie extrême-orientale: des dieux, des démons, des déesses. Des humains s’y affrontent afin de faire gagner le bien sur le mal. De faire rejaillir ce bien sur les humains. Un dragon en quête de bonheur, des démons et des succubes rancuniers. Ils traversent le temps, les saisons pour donner vie à ce qu’ils recèlent au fond d’eux. Que veulent-ils? Pourquoi agissent-ils de la sorte? Quel est le rôle des humains dans tout cela?

Ce recueil de contes est magnifique. L’on pourrait penser que les auteurs sont japonais. Eh bien, pas vraiment. Leurs connaissances du panthéon asiatique, de sa mythologie, ne peuvent être contestés. Ils nous racontent des quêtes, des vengeances, des voyages où l’équilibre du monde se fait par le biais du Yin et du Yang. Au début de chaque conte, se trouve une esquisse en noir et blanc qui résume l’histoire qui suit. L’humain reste le même. Il recherche toujours la puissance, quel que soit le prix à payer. La voie de la facilité est tellement plus simple, pour lui, que quand le piège se referme, il ne lui reste plus que les regrets.

Ce recueil de contes nous fait entrer directement dans la mythologie asiatique. Le mal est partout, sous toutes les formes. Il trouve parfois une complicité en l’humain qui est toujours prêt à tout pour assouvir sa soif de pouvoir, de possession. Les auteurs racontent merveilleusement bien. En fermant les yeux et en écoutant, le lecteur se retrouve au cœur du Japon, à vivre des aventures fantastiques. à trembler avec les autres humains. À prier pour que le bien triomphe du mal. Les créatures du folklore japonais portent des noms qui ne laissent aucun doute sur leur appartenance. Onryo : esprit vengeur, Kitsune: esprit. Ils se succèdent pour nous porter toujours plus loin dans leur monde. Et le lecteur apprécie.

 

9782490647200   Ed. Kelach Coll. Nouvelles Graines   334 p.   24,50€

Contes de l’arc-en-ciel – Pathilia APRAHAMIAN – 2019 – Ed. Kelach

Quatrième de couverture

Le Néant frappe. Si Sombre renonce, la reine Chrysanthème décide de faire face. Chrysanthème doit faire face au Néant qui a déjà ravagé une grande partie des Royaumes de l’île aux deux comtés. Vers qui peut-elle se tourner pour résister ? De nouvelles créatures ? À moins que l’imagination des enfants de notre monde soit une solution ? Mais il lui faudra faire vite car l’existence de toutes choses est menacée…

Mon Avis

Un terrible ennemi, Le Néant, attaque deux comtés: celui de la nuit, dont il a emporté la reine des cauchemars, et celui des fins heureuses, dont la reine Chrysanthème, lui résiste encore. Un peu. Peut-être pas pour longtemps. Le prédateur attend juste que la Reine plonge dans le désespoir, pour s’approprier ses terres. Cette dernière vient de perdre son père. Elle se noie dans son chagrin. Et si le Néant attaquait? Chrysanthème va-t-elle perdre ses terres? Elle a besoin d’aide. Des enfants et des fées pourraient l’aider. Chrysanthème le sait-elle? Va-t-elle accepter leur aide ou la solliciter? Il est urgent de sauver le comté des fins heureuses et de sortir Chrysanthème de son désespoir.

Dans ce conte, les personnages fantastiques viennent de tous les horizons. Ce sont des divinités indiennes, des vampires, etc. Quelques croquis en noir et blanc se découvrent au détour d’une page. Ils illustrent merveilleusement les contes. Le jeune lecteur va se délecter des histoires à rebondissement. La lecture se fait d’une traite tant les contes sont prenants et pleins de suspense. Le vocabulaire est riche tout en restant à la portée des lecteurs de tout âge. Le recueil est superbe, et emporte le jeune lecteur dans des mondes féeriques. Fantastiques. Le lecteur découvrira l’histoire de chaque personnage.

C’est un conte qui fait l’éloge de la pluri culturalité. Les différentes mythologies se côtoient. Les noms des fées sont drôles et prêtent à sourire. Les jeunes lecteurs éprouveront beaucoup d’émotion et de sentiments à la lecture de cette histoire. Le monde féerique grouille de bonnes âmes que les lecteurs se feront un plaisir de découvrir. Chrysanthème et ses amis vont le bercer de leurs belles histoires, même si certaines sont un peu tristes. Le récit est si vivant que le jeune lecteur aura l’impression de participer à la tentative de sauvetage du comté des fins heureuses. Il aura l’impression de faire partie des personnages, fantastiques ou non, qui entourent chrysanthème. Et si c’était vrai?

 

9782490647187   Ed. Kelach Coll. Le Bosquet Féérique   148 p.   15,30€

L’île de l’entre-monde -Roselyne CUSSET – 2024 – 5 Sens Ed.

Quatrième de couverture

Une île en Méditerranée, trait d’union entre terre et ciel, lieu de l’exil et de tous les possibles. Certains natifs de génération en génération, perpétuent les traditions, les autres choisissent la liberté. Parallèlement, une autre île lointaine, parmi des milliers en jeux de miroirs éclatés, révèle la fragilité de l’existence. Vanina quelques décennies plus tôt décidera de fuir l’héritage mortifère, tandis que Kimiko aujourd’hui choisira la libération. L’une et l’autre s’affranchiront à leur manière. Le sacrifice de la plus âgée rendra sacré son ultime passage. Orso le forgeron maitre de la malédiction, gardien du seuil regardera s’éloigner les bateaux, sans jamais franchir la passerelle, car il sait que s’il enfreint le pacte jamais il ne pourra revenir vivant sur l’île. Louis et Stéphane les descendants révèleront les blessures à jamais enterrées sur les plus hauts sommets de l’île. Reste la beauté de la nature qui parfois cicatrise les plaies. Au soleil couchant l’esprit du berger des morts veille.

Mon Avis

La tradition, l’héritage et la transmission du savoir, du don sont une épine dans le pied de la modernité. Tous savent. Mais se taisent. Tous ont peur. Mais il ne peuvent ou ne doivent pas le verbaliser. Par contre, ceux qui les reçoivent, ne le savent pas. C’est fait au hasard. A leur insu. Et plus tard. Plus tard… Vanina, Augusta, Kimiko. sont des iliennes. Elles sont originaires d’îles différentes. Si l’une a subi son savoir, les deux autres les ont fui en quittant leur ile. Pour toujours. Savent-elles ce qu’elles fuient? Elles jouissent de cette liberté éphémère dont elles se nourrissent. Sont-elles vraiment libres? Peut-on se délester aussi facilement d’un tel bagage? L’autre monde veille et, les surprenant, se rappelle à leur bon souvenir. Il existe des valises que l’on ne peut oublier ou perdre.

Chaque partie de leur île imprègne leur corps, leur âme. Seule Kimiko sent le poids du savoir de Vanina et des siens sur ses épaules. L’atmosphère est merveilleusement lourde et imbibée de mystère, dès les premières lignes. L’auteure nous fait entrer dans ce monde entre rêve et réalité, seulement connu de quelques iliens. Des iliens qui ne ressemblent pas aux autres. Des ilotes qui ont un petit plus que les autres ignorent. Le lecteur navigue entre les deux mondes, aussi bouleversé que Kimiko, Orso ou Vanina. Ces deux mondes qu’ils redoutent et qui leur fait réaliser qu’ils en sont les seuls dépositaires. Des connaissances qui les obligent à porter le poids du secret.

Vanina est allée retrouver ses disparus. Orso et Kimiko restent dans ce monde où deux réalités se côtoient. Instinctivement, ils taisent cette partie qui les questionne, et leur fait, parfois, friser la folie. Mais, une folie douce, intime, terrifiante. Que faire? Peut-on fuir ce qui est en soi? Ce fardeau séculaire est bien lourd à porter. Surtout actuellement. Les anciens savent, se doutent et hochent la tête lentement, compatissant à ce lourd secret. Ils se taisent. C’est un devoir. Dans ce monde devenu cartésien, qui reprendra le flambeau? Deux mondes se côtoient, dont l’un n’est visible que des initiés. Que vont devenir Vanina, Orso, Kimiko et leur monde secret?

 

9782889496488    5 Sens Ed.    148 p.    14€