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L’île de l’entre-monde -Roselyne CUSSET – 2024 – 5 Sens Ed.

Quatrième de couverture

Une île en Méditerranée, trait d’union entre terre et ciel, lieu de l’exil et de tous les possibles. Certains natifs de génération en génération, perpétuent les traditions, les autres choisissent la liberté. Parallèlement, une autre île lointaine, parmi des milliers en jeux de miroirs éclatés, révèle la fragilité de l’existence. Vanina quelques décennies plus tôt décidera de fuir l’héritage mortifère, tandis que Kimiko aujourd’hui choisira la libération. L’une et l’autre s’affranchiront à leur manière. Le sacrifice de la plus âgée rendra sacré son ultime passage. Orso le forgeron maitre de la malédiction, gardien du seuil regardera s’éloigner les bateaux, sans jamais franchir la passerelle, car il sait que s’il enfreint le pacte jamais il ne pourra revenir vivant sur l’île. Louis et Stéphane les descendants révèleront les blessures à jamais enterrées sur les plus hauts sommets de l’île. Reste la beauté de la nature qui parfois cicatrise les plaies. Au soleil couchant l’esprit du berger des morts veille.

Mon Avis

La tradition, l’héritage et la transmission du savoir, du don sont une épine dans le pied de la modernité. Tous savent. Mais se taisent. Tous ont peur. Mais il ne peuvent ou ne doivent pas le verbaliser. Par contre, ceux qui les reçoivent, ne le savent pas. C’est fait au hasard. A leur insu. Et plus tard. Plus tard… Vanina, Augusta, Kimiko. sont des iliennes. Elles sont originaires d’îles différentes. Si l’une a subi son savoir, les deux autres les ont fui en quittant leur ile. Pour toujours. Savent-elles ce qu’elles fuient? Elles jouissent de cette liberté éphémère dont elles se nourrissent. Sont-elles vraiment libres? Peut-on se délester aussi facilement d’un tel bagage? L’autre monde veille et, les surprenant, se rappelle à leur bon souvenir. Il existe des valises que l’on ne peut oublier ou perdre.

Chaque partie de leur île imprègne leur corps, leur âme. Seule Kimiko sent le poids du savoir de Vanina et des siens sur ses épaules. L’atmosphère est merveilleusement lourde et imbibée de mystère, dès les premières lignes. L’auteure nous fait entrer dans ce monde entre rêve et réalité, seulement connu de quelques iliens. Des iliens qui ne ressemblent pas aux autres. Des ilotes qui ont un petit plus que les autres ignorent. Le lecteur navigue entre les deux mondes, aussi bouleversé que Kimiko, Orso ou Vanina. Ces deux mondes qu’ils redoutent et qui leur fait réaliser qu’ils en sont les seuls dépositaires. Des connaissances qui les obligent à porter le poids du secret.

Vanina est allée retrouver ses disparus. Orso et Kimiko restent dans ce monde où deux réalités se côtoient. Instinctivement, ils taisent cette partie qui les questionne, et leur fait, parfois, friser la folie. Mais, une folie douce, intime, terrifiante. Que faire? Peut-on fuir ce qui est en soi? Ce fardeau séculaire est bien lourd à porter. Surtout actuellement. Les anciens savent, se doutent et hochent la tête lentement, compatissant à ce lourd secret. Ils se taisent. C’est un devoir. Dans ce monde devenu cartésien, qui reprendra le flambeau? Deux mondes se côtoient, dont l’un n’est visible que des initiés. Que vont devenir Vanina, Orso, Kimiko et leur monde secret?

 

9782889496488    5 Sens Ed.    148 p.    14€

L’enfant K – Vincent GAULTIER – 2023 – 5 sens Ed.

Quatrième de couverture

Parce qu’il aime un garçon, le jeune Tommaso De Luca, 14 ans, fils ainé d’une riche et très catholique famille romaine, est condamné à subir une thérapie de conversion. Parce qu’il refuse de se « convertir », son père l’envoie passer ses vacances en Allemagne, aux mains d’une inquiétante association, dans une maison de Dachau ayant appartenu à d’anciens officiers SS… Parce qu’ils sont « différents », d’autres jeunes y sont enfermés avec lui. Mais quelles sont donc les intentions des encadrants et des familles qui leur ont confié ces enfants ? En quoi cette histoire réactive-t-elle celle de « l’enfant K » ? C’est ce que devra découvrir le journaliste Bartoloméo Vittali pour tenter de retrouver la trace de Tommaso et de ses camarades. Il lui faudra pour cela se replonger dans un passé douloureux et comprendre que, comme dit un proverbe allemand : « l’amour et la haine sont des parents consanguins »…

Mon Avis

L’âme humaine et son abysse noir… Quand nous sommes sûrs que l’humain a atteint ses limites dans l’in-humanité. Il y a toujours un autre pour nous démontrer qu’il y a pire. Les colonies de vacances sont des endroits où il fait bon jouer, d’habitude. Oublions un peu « Les jolies colonies de vacances » d’un grand chanteur. Tommaso est différent de tous les autres enfants, de tous les autres garçons. Au grand dam de ses parents, catholiques pratiquants, il ne veut pas être « normal ». Il aime les garçons. Ses parents décident de le soigner. Ils l’envoient dans une colonie de vacances spéciale. Celle des enfants asociaux. C’est le début d’une aventure cauchemardesque pour Tommaso et ses nouveaux amis.

Chaque page, chaque ligne, nous rapproche de l’impensable. De l’innommable. Du cauchemar éveillé. L’auteur, d’une plume lourde de l’histoire mondiale et de souvenirs honteux des humains, nous emmène dans un centre spécial. Ne vous attendez pas à du sanglant. A de l’immonde qui donne des haut-le-cœur. Non. Tout est dans les mots. Dans cette plume magique qui raconte. Le lecteur a du mal à réaliser, de suite, que ses limites devront être repoussées. En effet, l’auteur raconte si bien que le lecteur entre en douceur dans l’histoire, avant que son cerveau ne se mette à avoir des doutes. Il y a quelque chose de louche. Mais quoi?

Cette histoire se déroule au début des années soixante-dix. Quelques années après mai 68. Des enfants sont envoyés en colonie de vacances dans un centre en Allemagne. Ils viennent de toute l’Europe. Normal, me direz vous? Non, non, non, pas normal. Croyez-moi. Rien n’est normal. L’auteur nous fait descendre degré après degré, mot après mot, dans la noirceur de l’âme humaine. « L’enfer est pavé de bonnes intentions » dit le proverbe. Eh bien, ce dicton n’a jamais été aussi vraisemblable. Un jeune adolescent qui a un gros problème, selon ses parents, catholiques pratiquants. Une colonie de vacances qui va le faire rentrer dans les rangs. Vraiment? Comment? Le lecteur découvre, abasourdi, le centre où Tommaso va résider. C’est le début d’une aventure dramatique qui poussera le lecteur à poser la question: Est-ce possible, à notre époque?

 

9782889496358    5 Sens Ed.   292 p.    20€

Le petit éclusier – Claude RAMIREZ – 2024 – 5 Sens Ed.

Quatrième de couverture

Claude apprend qu’il est cocu un soir puis veuf quelques heures plus tard. Persuadé de ne plus avoir envie de rien tant sa femme lui était indispensable, il se laisse dépérir lentement. Dans sa chute, pourtant, une main chaude, menue se tend vers lui, celle de Thomas, son petit-fils.

Mon Avis

Une promesse est une promesse. Chose promise, chose due dit le dicton. Claude ne dira pas le contraire. Il a promis à sa femme, du vivant de cette dernière, d’écrire un roman sur leur histoire. Leur vie. Sans aucune capacité d’écriture, il a promis à Marie de mettre des mots sur une page blanche. Ce sera son seul et unique roman. Mais, ce n’est pas facile de couvrir des feuilles d’une écriture riche, en relatant une histoire d’amour hors temps. Devrait-il vraiment le faire? Par où commencer? Il y a tant de douleurs dans les mots. Dans son cœur. Dans son âme. Comment tout retranscrire avec des mots justes? Maintenant que Marie est partie, aura-t-il le courage de le faire?

Pas facile de mettre des mots sur l’émotion éprouvée par un nom, un visage, une situation. Surtout, quand on est soi-même perdu dans une douleur sans fin. Quand on est en train de sombrer. Le récit est fait avec beaucoup d’humour, de tendresse, de merveilleuse tristesse. Claude nous dévoile sa force, sa faiblesse, son amour fou pour Marie, sa femme, ou pour Thomas, son petit-fils. Un petit-fils qui pourrait le tirer de la dépression dans laquelle il plonge avec une sorte de hargne. Le texte est très beau, très vivant. Un texte qui raconte un bel amour entre un grand-père et son petit-fils. Un amour renforcé par l’innocence d’un enfant de trois ans.

Comment honorer une promesse quand on a une dépression sévère qui vous entraîne vers le fond, et qu’un petit ange de trois ans, qui, par ses facéties, vous démontre un amour entier et envahissant? Poser des mots sur une page blanche demande un esprit ouvert. Un esprit non parasité par des pensées morbides. Mais Claude a fait une promesse à sa défunte épouse. Il tient à honorer cette promesse. Cependant, il n’est pas facile d’écrire des souvenirs de l’être aimé, quand tout plaisir de vivre a déserté le cœur et le corps. Le seul bonheur qui reste vient de Thomas, son petit-fils. Un enfant qui lui réapprend à aimer. Mais Claude a il encore envie d’aimer? A-t-il envie de continuer à vivre sans Marie? Son petit-fils semble lire en lui et éclaire son veuvage de petits moments de bonheur. Pour combien de temps? Claude finira t-il cet écrit promis à sa défunte épouse?

9782889496372     5 Sens Ed.     217 p.      16€